Voir la Terre depuis l’espace pour changer le monde

Article publié le 19 mars 2018

Photo : Patrick Weldé pour Antidote : Earth été 2018
Texte : Jean-Pierre Goux

Les astronautes ayant observé la Terre depuis l’espace ont tous été touchés par sa grâce, sa fragilité, et une envie irrépressible de la protéger. Ce phénomène porte un nom : l’ “Overview Effect”. L’écrivain et chercheur Jean-Pierre Goux s’attèle à étendre sa portée à travers le monde pour encourager les prises de conscience.

L’humanité fait face en ce début de XXIe siècle à l’un des plus grands défis de son histoire : adapter son comportement à l’échelle de la planète de façon à pouvoir continuer à y vivre. Cette transition écologique est rendue nécessaire par la menace du dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la raréfaction proche de certaines matières premières et les désastres de la pollution sur les écosystèmes.
La nécessité d’un changement à l’échelle globale est débattue depuis le premier sommet de la Terre à Stockhom en 1972 organisé par l’ONU. Cependant, malgré l’accord quasi-unanime sur l’urgence d’agir, la situation n’a fait qu’empirer en 45 ans, accentuée par l’accroissement de la population et l’usage toujours plus grand de ressources pour satisfaire nos besoins artificiels. Pour réussir cette grande transformation, il manquait une vision positive unifiante qui fédère les énergies de tous pour avancer dans cette voie exigeante et parsemée d’embûches.
Saisi par l’urgence écologique lors du sommet de la Terre de Rio en 1992 lorsque j’avais dix-huit ans, j’ai passé les années suivantes à comprendre les phénomènes, les risques, les solutions proposées et les raisons pour lesquelles celles-ci ne parvenaient pas à changer la marche du monde. Puis, je suis parti à la recherche de solutions différentes, hors des sentiers battus, qui nous permettraient d’acquérir cette vision globale, inaccessible à nos sens, une vision qui nous mette tous en mouvement. Jusqu’à ce qu’une idée folle vienne à moi, par hasard. Un jour de 1996, un de mes amis, Michaël Boccara, m’a offert Clairs de Terre, un ouvrage de photographies, édité par l’association des explorateurs de l’espace réunissant d’anciens astronautes du monde entier. Ce livre présentait des photographies exceptionnelles de la Terre prises depuis l’orbite terrestre accompagnées de citations d’une profonde poésie.
« Les premiers jours, nous montrions nos propres pays. Au troisième et au quatrième jour, notre continent. Dès le cinquième jour, nous fîmes plus attention qu’à la seule Terre. », Sultan be Salman al-Saoud – Arabie Saoudite.
« La Terre nous faisait penser à une décoration d’arbre de Noël se détachant sur le fond noir de l’espace. Plus nous nous éloignions et plus sa taille diminuait. Finalement, elle se trouvait réduite à la taille d’une bille de verre, la plus belle bille qui se puisse imaginer. Ce bel objet chaud et vivant était si délicat, si fragile que si on l’avait effleuré du doigt (virgule) il se serait brisé et répandu en miettes. Quand un homme voit cela, il ne peut qu’être transformé, il ne peut que mesurer ce qu’est la création et l’amour de Dieu. », (virgule) James Irvin – Etats-Unis.
Sentant qu’il y avait là quelque chose d’extraordinaire, je m’interrogeais. Qu’est ce qui avait conduit ces anciens militaires ou scientifiques à s’exprimer de la sorte au sujet de notre planète ? D’où tenaient-ils cette vision globale qui nous manquait tant à tous ? L’historien des sciences d’Harvard Frank White a donné un nom à ce phénomène : l’overview effect. A la suite d’une étude poussée, il a montré que la moitié des astronautes avaient vécu en orbite une expérience extatique provoquée par l’effet combiné de l’apesanteur, de la peur, du silence et de l’observation prolongée de la beauté de la Terre qui défile lentement sous leurs yeux.
A la suite de cette transformation, ils étaient devenus profondément amoureux de notre planète dont ils avaient découvert la fragilité et l’isolation dans le noir cosmos. Ils ressentaient aussi que les différentes formes de vie qu’elle abritait étaient interconnectées et ne formaient qu’un seul tout. Ils éprouvaient viscéralement le besoin de la protéger. Quel que soit leur pays d’origine, leur sexe ou leur âge, ils avaient été touchés par la grâce, une force empathique mystérieuse qui les reliait à nouveau au vivant dans son ensemble. La transformation sociétale de notre modèle passait avant tout par une transformation personnelle. Je tenais peut-être là une clé mais il y avait aussi un gros problème : seuls 500 hommes et femmes étaient allés dans l’espace.
Depuis lors, une idée m’a obsédé : faire vivre cet overview effect au plus grand nombre, pour avancer enfin ensemble dans la grande transition. J’étais alors chercheur en mathématiques à Chicago et j’y consacrais mes nuits. Avec mon ami Michaël Boccara, qui travaillait sur la réalité virtuelle pour le secteur spatial au Massachussets Institute of Technology (M.I.T.), nous rêvions que ces techniques pourraient permettre de répéter cette expérience, mais la réalité virtuelle était encore embryonnaire et non accessible au grand public. Le tourisme spatial privé naissant représentait une autre voie, mais elle aussi seulement accessible à une classe limitée de happy fews. Sans solution, je m’efforçais d’être un acteur du changement en animant la nuit aussi une communauté virtuelle « La Révolution des Fourmis » qui réfléchissait au monde d’après. Cette expérience, fruit de ma rencontre avec l’écrivain Bernard Werber, me conduisait à une autre idée : partager l’overview effect à travers l’écriture d’un grand roman, un projet qui m’occupait durant les dix années suivantes.
L’espoir d’une solution plus rapide et plus radicale vint cependant au printemps 1998. Le vice-président Al Gore, tout juste remis des négociations du protocole de Kyoto en décembre 1997 dans lesquelles il s’était particulièrement investi, venait d’avoir un rêve. Construire un satellite capable de filmer la Terre complètement éclairée et de la diffuser en direct sur Internet, de façon à unir l’humanité autour du défi climatique. C’était exactement la même intuition que j’avais, à la différence qu’un vice-président des Etats-Unis a une capacité de réalisation de ses rêves bien plus grande.
Il n’existait jusqu’alors qu’une seule image de la Terre complètement illuminée, Blue Marble, prise par les astronautes de la mission Apollo 17 en 1972, en chemin vers la Lune. Cette photo, qui est (a supprimer)  la plus reproduite de l’histoire de l’humanité, avait accéléré au début des années 1970 le mouvement balbutiant de l’écologie globale. On s’intéressait auparavant aux problèmes locaux de pollution, on pressentait des phénomènes à grande échelle mais on avait du mal à s’imaginer que notre activité puisse influencer un système aussi vaste – pour nos sens limités – que la Terre. Une fois que la Terre dans sa globalité devint visible, on comprit enfin que Gaïa était un tout fragile et qu’il fallait agir à cette échelle. Malheureusement l’effet de cette photo s’émoussa avec le temps et l’élan initial se perdit dans les méandres des tractations internationales, de la défense du statu quo par des forces très puissantes mais aussi par la résistance à une transformation personnelle de chacun d’entre nous. Al Gore, qui avait eu son éveil écologique grâce à Blue Marble, avait décidé de donner à cette vision du globe de Blue Marble une nouvelle chance.

«Si la nature n’est plus en mesure d’absorber le rythme de ce que nous avons longtemps appelé positivement le développement, c’est désormais l’être humain qui est pris de vertige à son tour devant la vitesse des mutations qu’il s’impose à lui-même pour « s’augmenter » et « s’éterniser ». »

Et comme les voyages dans le temps et dans l’espace ne nous suffiront pas, nous rêvons déjà d’une éternité oisive, en pariant sur la puissance de l’intelligence artificielle, de la data, des robots humanoïdes, des machines apprenantes, des interfaces vocales, de l’internet des objets, qui équiperont nos maisons, nos rues, nos entreprises et dont nous serons bardés de la tête aux pieds. Le transhumanisme s’imposera bientôt dans notre vocabulaire quotidien comme le grand dessein somme toute légitime de l’humanité, à savoir l’immortalité dans une galaxie domestiquée.
Et si nous fantasmons sur cet avenir radieux de vieillards bioniques tricentenaires, errant dans l’espace, c’est aussi parce que notre planète ne parvient plus à elle seule à mener sa propre régénération dans les temps. L’accélération des bouleversements que nous lui imposons va la rendre, à maints endroits, aussi chaude que stérile. Et alors qu’elle ne peut déjà plus absorber sans dommages irréversibles notre démesure et la gestion calamiteuse des ressources qu’elle nous octroie, elle va très vite subir de plein fouet l’impact de l’urbanisation grandissante ( 70% de la population vivra en ville en 2050 ) conjuguée à l’explosion démographique dans des régions du monde qui vont accéder à la société de consommation de masse. Non seulement notre survie est en jeu, ici et maintenant, mais nous verrons un grand nombre de nos colocataires sur Terre quitter la vie sauvage, à cause de la disparition pure et simple des écosystèmes qui les maintenaient naturellement en vie.
Si la nature n’est plus en mesure d’absorber le rythme de ce que nous avons longtemps appelé positivement le développement, c’est désormais l’être humain qui est pris de vertige à son tour devant la vitesse des mutations qu’il s’impose à lui-même pour « s’augmenter » et « s’éterniser ». La multiplication des catastrophes naturelles partout sur la planète accélère la prise de conscience que ce qui nous entoure n’est pas un décor remplaçable à l’envi.
Et c’est précisément là que résident les opportunités de nous sauver nous-mêmes. Et si, en effet, nous mobilisions la recherche non plus à la satisfaction de notre seul bien-être immédiat, mais aussi à un repos régénérant de notre environnement, puisque la dépendance du premier à l’état du second devient une réalité qui ne fait douter que les cyniques et les ignorants ?
Photo : Patrick Weldé pour Antidote : Earth été 2018
Après des discussions avec la NASA, Al Gore parvint à la conclusion qu’il n’y avait qu’un seul point dans l’Univers d’où l’on pouvait confortablement admirer la Terre complètement illuminée : le point de Lagrange L1. Situé à 1.5 million de kilomètres sur l’axe Terre-Soleil, il est l’endroit où les forces de gravitation des deux corps célestes s’annulent. Cela paraît lointain mais ce n’est que quatre fois la distance Terre-Lune. Dans une demande restée historique, Al Gore chargeait la NASA de bâtir et lancer cette mission avant la fin du millénaire, c’est à dire avant la fin de l’année 2000. La NASA acceptait le défi et le projet Triana – nom inspiré de Rodrigo de Triana, le marin de l’équipage de Christophe Collomb qui aperçut le premier la terre du nouveau monde – voyait le jour.
Je trouvais ce projet tellement merveilleux que j’envisageais de quitter mon travail de chercheur pour postuler à la NASA et m’occuper de la promotion de ces images. Malheureusement le Congrès bascula dans le camp républicain et donna un coup de frein au projet en diligentant de nombreuses enquêtes sur son intérêt scientifique. La fin du millénaire n’était plus atteignable et le satellite pourrait au mieux embarquer à bord de la mission STS-107 de la NASA en 2002 ou 2003, mission maudite qui vit la destruction de la navette Columbia et la mort des sept astronautes. Triana ne survécut cependant pas jusque là, lorsque George W. Bush accéda à la Maison Blanche en janvier 2001, l’une de ses premières décisions fut de stopper complètement la mission Triana, le rêve de son rival à l’élection présidentielle, qu’il avait gagnée dans des conditions aujourd’hui encore jugées suspectes.
Cette décision de Bush me plongea dans un profond désarroi. Comment pouvait-on briser un si beau rêve ? Comment la nature humaine pouvait-elle empêcher un tel futur ? Après la rage et la colère, je dus me résoudre à ce que Triana ne voie pas le jour. Je repris alors l’écriture de mon roman pour décrire la révolution qui aurait eu lieu si Triana avait existé, si l’overview effect avait été partagé par tous. Ce projet prit peu à peu une ampleur démesurée car j’y ai réuni toutes mes réflexions sur la transition écologique et les dérèglements du monde qui l’empêchent d’émerger. Une aventure de 1100 pages publiées en deux tomes, Siècle bleu en 2010 et Ombres et Lumières en 2012. L’accueil de ces romans fut très positif et montra le vif intérêt pour l’overview effect et l’impact de la vision de la Terre vue de l’espace. Il fallait que ce futur advienne. Deux romans ne suffiraient pas. Il fallait ces images.
Cette vision s’avéra prémonitoire. Comme si la fiction en introduisant de nouveaux champs de possibles influençait le réel. Quelques mois après la publication de mon second roman, je rédigeais un article sur l’overview effect pour la revue Orbs et je découvris par hasard en arpentant les forums spatiaux les plus obscurs que la mission Triana allait repartir. Je n’en revenais pas. Mon rêve allait peut-être devenir réalité. La caméra EPIC de Triana imaginée par Al Gore allait être installée à bord de la mission DSCOVR (Deep Space Climate Observatory) qui devait rejoindre le point L1. Cette mission conjointe à la NASA, l’US Air Force et la NOAA avait un autre but officiel bien plus stratégique : filmer le soleil pour détecter d’éventuelles éruptions qui pourraient endommager les appareils électroniques embarqués en orbite et au sol. J’apprendrais plus tard qu’Al Gore, à la suite d’un intense lobbying auprès du président Obama, avait obtenu d’y ajouter discrètement la caméra EPIC de Triana à la barbe des Républicains qui avaient regagné le Sénat mais n’y firent apparemment pas attention.
Je retenais mon souffle et gardais ce secret pour moi jusqu’au lancement. Celui-ci fut attribué à la jeune firme SpaceX du visionnaire Elon Musk. Cela ajoutait un nouvel obstacle à la réalisation de ce rêve d’Al Gore qui était devenu le mien. Après deux tentatives avortées, le satellite DSCOVR fut finalement bien lancé, le 11 février 2015, depuis Cap Canaveral en Floride. Il prit son envol vers ce merveilleux point L1. Plus rien ne pouvait désormais arriver et Al Gore ne tarda pas à révéler la supercherie aux Républicains. Le 21 juillet 2015, parvenu à destination, DSCOVR envoyait sa première image, sublime. Celle-ci fut relayée par le président Obama sur Twitter mais cette image ne déclencha pas l’engouement que j’attendais. La NASA promit d’autres images pour septembre 2015 et j’étais certains que l’on aurait enfin le flux vidéo temps réel promis par Al Gore, 17 ans plus tôt. En septembre, grande déception à nouveau. De nouvelles photographies étaient transmises tous les jours, une douzaine, mais pas de vidéo. La contemplation de ces images statiques ne pouvaient pas déclencher l’overview effect. J’avais pourtant toujours la conviction qu’une vidéo fonctionnerait.

« Ce fut un choc d’une magie inégalée. Pour la première fois de l’histoire de l’humanité, nous avions la Terre sous nos yeux en train de tourner. Et c’était magnifique. Ce n’était que le début. »

A l’époque, j’écrivais un essai baptisé Un Autre Monde qui analysait la façon de changer le monde en vue de la COP21. A la suite des attentats de Paris de Novembre 2015, je décidais de mettre cet essai gratuitement en ligne et notamment le premier chapitre qui parlait du pouvoir des rêves, chapitre illustré par l’opiniâtreté d’Al Gore. J’y lançais surtout un appel pour créer la fameuse vidéo manquante à partir des images de DSCOVR.
Mon ami Michaël Boccara, parti depuis s’installer en Israël, répondit à cet appel. Lui aussi très marqué par les évènements qui avaient frappé la capitale française voulait faire quelque chose pour redonner un peu de poésie et de sens à ce monde désorienté. Spécialiste de la 3D et du développement d’applications mobiles, il s’attela à la tâche, chaque nuit. Nous étions guidés par le présentiment que l’on pourrait peut-être reconstituer la fameuse vidéo manquante à partir de la douzaine d’images statiques quotidiennes, mais nous n’étions pas certains de la qualité de ce que nous obtiendrions. Un soir de mars 2016, il parvint à réaliser la première vidéo. Ce fut un choc d’une magie inégalée. Pour la première fois de l’histoire de l’humanité, nous avions la Terre sous nos yeux en train de tourner. Et c’était magnifique. Ce n’était que le début.
Quelques jours plus tard, Michaël décida de poster la vidéo sur Instagram en taguant la NASA. #NASA. A notre grande surprise, quelques heures plus tard nous recevions un message de félicitations de la NASA ! Le responsable de la caméra EPIC (qui était en charge de ce projet depuis 1998) nous demandait comment nous avions réalisé une telle prouesse. Sentant que nous tenions là quelque chose d’important et que personne d’autres ne semblait s’intéresser aux images de DSCOVR, nous décidâmes de passer à la vitesse supérieure. Nous avons créé un projet collaboratif, Blueturn (www.blueturn.earth), qui vise à diffuser ces images au plus grand nombre via tous les écrans possibles : smartphones, tablettes, ordinateurs, TV HD et cinéma. J’ai présenté le projet au mois de mai à quelques amis changemakers et la réaction fut unanime. De plus, je pu me rendre compte pour la première fois de l’émotion très profonde que ces images provoquaient. Elles semblaient réveler une vérité enfouie, que nous avions tous au fond de nous et cette révélation déclenchait ce sentiment d’émerveillement et d’engagement qui avait touché les astronautes. Nous avions enfin, après 18 ans de quête, touché du doigt notre Graal : l’overview effect pour tous.
Quelques jours plus tard, j’étais invité à présenter ces images sur la scène du Grand Rex puis au théâtre Bobino pour la conférence TEDxVaugirardRoad. La réaction dépassa toutes nos espérances. Bien conditionnée avec une musique lancinante, la salle entière fondit en larmes. La standing ovation qui suivit la projection restera à jamais dans ma mémoire. Les gens ne voulaient plus partir, ils souhaitaient demeurer encore dans cet état contemplatif qui leur avait apparemment procuré un bien fou et une énergie nouvelle.

Depuis ces projections, nous avons lancé une application gratuite qui fonctionne sur tous les supports et qui permet de ressentir cet overview effect. Des dizaines de milliers de personnes l’ont téléchargé et vécu l’expérience. Georges Houy, qui était mon comparse dans l’aventure de La Révolution des Fourmis, a rejoint le projet et a fabriqué des dizaines de vidéos sur-mesure pour une multitude d’évènements à travers le monde. La boucle était bouclée. Blueturn était aussi une histoire d’amitiés, de rêves de jeunes adultes qui s’obstinent à les réaliser.
Au-delà de l’application, notre ambition était que ces images soient à la disposition de tous et puissent susciter des projets très variés qui nous reconnectent à la Terre, notre matrice commune, dans le domaine de l’éducation, de la méditation, de l’art et de la politique internationale. Dans l’éducation, ces images ont été montrées dans de nombreuses écoles et nous allons préparer un kit pour qu’enseignants ou parents puissent développer la conscience planétaire dès le plus jeune âge. Autour de la méditation, des séances de yoga et de pleine conscience, ont été organisées par différents collectifs avec un effet très profond sur les participants. Nous cherchons les relais pour que ces communautés grandissantes s’emparent de ces images. Dans le domaine de l’art, plusieurs musiciens et poètes ont utilisé ces images pour leurs spectacles ou ont composé des musiques pour Blueturn. Nous rêvons d’un grand concours à l’échelle planétaire où chacun accompagnerait ces vidéos selon sa culture et ses traditions. Dans la sphère politique, d’importants décideurs ont pu apprécier ce projet. La ministre Ségolène Royal a éprouvé une très vive émotion et l’a présenté lors du premier anniversaire de l’Accord de Paris. Emmanuel Macron et Nicolas Hulot l’ont découvert avec émerveillement sur le pavillon français lors de la COP23 en décembre 2017 à Bonne. Quelques jours plus tard, ce sont des millions de télé-spectateurs qui ont pu faire l’expérience de l’overview effect sur France Télévisions, à l’initiative du journaliste Frédéric Lopez.
Notre rêve de faire vivre cet overview effect à tous est donc en passe d’être réalisé, l’humanité pourrait se doter de ce nouveau sens lui permettant de comprendre l’impact de ses actions à l’échelle de Gaïa. Mais une nouvelle ombre plane sur le projet. Le président Donald Trump et les représentants républicains ont décidé à nouveau de faire payer à Al Gore son engagement et ont demandé à la NASA l’arrêt de la caméra EPIC de DSCOVR, alors que celle-ci ne coûte plus rien. La décision n’est pas encore définitivement prise et fait l’objet de vifs débats au Sénat. Cela pourrait porter un coup d’arrêt au projet mais aussi peut-être la publicité à l’échelle mondiale qui le rendrait inéluctable.
Cet article est extrait de Magazine Antidote : Earth printemps-été 2018 photographié par Patrick Weldé.

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