Qui est Tayla Parx, la chanteuse et songwriteuse que l’industrie musicale américaine s’arrache ?

Article publié le 15 mars 2019

Photo : Tayla Parx.
Texte : Naomi Clément.

De passage à Paris pour assurer la première partie du concert d’Anderson .Paak, l’artiste revient sur la façon dont elle a collaboré avec les plus grands – d’Ariana Grande à Rihanna en passant par Mariah Carey ou encore Quavo -, et nous parle de son imminent premier album.

Le 8 mars 2019, six mois seulement après la sortie de son album Sweetener, Ariana Grande revenait sous le feu des projecteurs avec thank u, next. Un cinquième opus on ne peut plus introspectif, considéré comme le plus personnel que la chanteuse ait jusqu’alors délivré, porté au sommet des charts par les singles « thank u, next » et « 7 rings ». Deux morceaux au succès immédiat, derrière lesquels se cache la même personne : Tayla Parx.

Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant, cette jeune Américaine est depuis quelques années l’une des songwriteuses les plus demandées aux États-Unis. À seulement 25 ans, elle compte parmi ses collaborateurs quelques-uns des plus gros poids lourds de l’industrie musicale américaine, parmi lesquels Nicki Minaj, Kanye West, Mariah Carey, Janelle Monáe, Anderson .Paak ou encore Alicia Keys – un panel qui lui a valu plusieurs nominations aux Grammy Awards. « Je voulais d’abord devenir chanteuse, nous confie-t-elle, mais à partir du moment où j’ai découvert qu’écrire pour des artistes pouvait être un métier à part entière, j’ai tout mis en œuvre pour devenir la meilleure songwriteuse que je puisse être. »

« Le songwriting est apparu dans ma vie […] comme une nécessité »

Originaire de Dallas au Texas, Taylor Monet Parks (son nom à la ville) connaît ses premiers émois musicaux grâce à sa grand-mère, qui jouait du piano dans l’église du coin, et grandit bercée par les voix d’artistes soul et R&B comme Babyface, Erykah Badu ou Brian McKnight. « Des chanteurs qui, je m’en suis rendu compte plus tard, étaient aussi des songwriters », souligne-t-elle. Très tôt attirée par la scène, elle intègre à 9 ans l’académie de danse de l’actrice et chorégraphe Debbie Allen, avec laquelle elle joue deux années dans un spectacle baptisé Dancing in the Wings, produit dans l’enceinte du prestigieux Kennedy Center, dans la capitale, devant des invités tels que Diana Ross, Will Smith ou Denzel Washington.

Trois ans plus tard, l’artiste en devenir fait ses premiers pas dans le monde du cinéma en décrochant le rôle de Little Inez Stubbs dans le film Hairspray (2007), ce qui la mènera par la suite à intégrer le casting de plusieurs séries télévisées dont Gilmore Girls, Everybody Hates Chris ou encore Bones. Mais la musique, sa passion première, reprend rapidement le dessus.

À 17 ans, elle quitte le cocon familial pour s’installer à Los Angeles, l’épicentre de l’industrie musicale américaine. Son but ? Explorer ses talents de songwriteuse, découverts quelques années plus tôt. « Le songwriting est apparu dans ma vie vers mes 14 ou 15 ans, et s’est imposé comme une nécessité », raconte-t-elle. « Je voulais chanter, mais je n’avais personne pour m’écrire des chansons – personne ne te prend au sérieux, à cet âge… Du coup, ça m’a forcée à m’y mettre, et il se trouve que j’étais pas trop mauvaise dans ce domaine [rires] ! J’ai passé beaucoup de temps à m’entraîner, et ça a fini par payer. »

Écrire pour d’autres artistes, un art de l’humilité

Rapidement, Tayla Parx finit en effet par atterrir en studio avec Babyface, son mentor, qui lui permet d’affiner son écriture et de signer un contrat d’édition avec Warner/Chappell Music, Inc.. Sa carrière en tant que songwriteuse débute en 2014, année où elle écrit notamment pour Ariana Grande (« My Everything »), Fifth Harmony (« Boss ») ou Jennifer Lopez (« So Good »). Un panel qu’elle n’a depuis cessé d’élargir et de diversifier en collaborant avec des artistes aussi variés que Rihanna, Demi Lovato, Khalid, Usher, Quavo, The Internet, ou encore le groupe de rock Panic! At the Disco. « Les gens ont tendance à vouloir te confiner dans un seul et même genre musical, mais je voulais sortir de ce système, dit-elle. Je voulais prouver qu’à partir du moment où tu prenais l’art du songwriting vraiment au sérieux, alors tu pouvais écrire n’importe quel type de chanson. Pour moi, une belle chanson est une belle chanson, peu importe le genre auquel elle appartient. »

Tayla Parx a rédigé les paroles du hit « 7 rings » d’Ariana Grande.

Pour donner vie à ces innombrables morceaux, qui s’inscrivent aussi bien dans le registre du rap que dans celui de la néo-soul ou du rock, Tayla Parx explique devoir sortir d’elle-même pour mieux s’installer dans la peau de l’artiste, mettre ses émotions et son histoire complètement de côté pour mieux recevoir tout ce que son collaborateur souhaite exprimer. « Un peu comme un acteur, finalement ! », s’exclame-t-elle. Elle ajoute : « Je crois qu’il faut être assez altruiste et désintéressé pour exercer ce métier, pour la simple et bonne raison que ta vie entière est basée sur les emplois du temps des autres, sur les sentiments des autres… Je peux avoir le cœur brisé et devoir écrire un morceau sur le fait d’aller faire une grosse fête en club, alors que j’aimerais juste pleurer toute la nuit dans mon lit par exemple. »

Raconter sa propre histoire

Après cinq ans passés à extérioriser les sensations des autres, Taylor Parx s’apprête aujourd’hui à explorer sa propre histoire en dévoilant le 5 avril prochain son tout premier album : We Need to Talk. Un album annoncé par les singles « Slow Dancing », « Me Vs. Us » et « I Want You », qui précisent ensemble la musique réjouissante de la jeune femme, à mi-chemin entre pop festive et R&B introspectif. « En parallèle de mon travail de songwriteuse, j’ai pu développer ma propre identité musicale, en me posant des questions du genre : « Ok, tu racontes les histoires des autres, mais quelle est l’histoire que toi tu veux raconter ? Qu’est-ce que tu as à dire ? » », relate Tayla Parx. « Et puis un matin, je me suis réveillée en sachant qui j’étais, et c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à bâtir les bases de mon monde à moi. Un monde dont j’ai commencé à ouvrir les portes avec la mixtape Tayla Made en 2017, et que je compte bien approfondir avec ce premier album. »

Entourée d’une imagerie joyeuse et colorée, We Need to Talk se lit comme une plongée intime et personnelle dans la vie de Tayla Parx, cette enfant star devenue savante de la pop contemporaine. Mais il est aussi et surtout un moyen pour la Texane de faire passer des messages, et de soulever des questions propres à sa génération. Ainsi, « Slow Dancing » interroge la notion de genre, tandis que « I Want You » évoque, non sans humour, l’idée d’éprouver des sentiments amoureux pour plusieurs personnes à la fois (« Can you blame me for wanting you, and you, and you, and you too? », y chante-t-elle).

« We Need to Talk, comme son nom l’indique, est un album avec lequel j’ai envie d’ouvrir un dialogue sur des sujets qui me tiennent à cœur : les relations humaines, qu’elles soient amoureuses, amicales ou autres ; le fait qu’il existe selon moi plusieurs versions de la féminité et de la masculinité… », décrypte Tayla Parx. « Je veux que ce disque soit un moyen de communiquer, d’échanger avec les gens qui écoutent ma musique, et qu’il leur permette également, si possible, de trouver des réponses à leurs questions. Car c’est ce que la musique m’a personnellement apportée. »

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