Qui est Strong The, le designer de Saint Martins inspiré par Margiela et le handicap ?

Article publié le 19 avril 2018

Photos : Strongthe
Texte : Maxime Retailleau

Tout juste diplômé de la Central Saint Martins, le designer Strong The collabore cette saison avec Antidote Studio autour d’une collection capsule de 8 pièces vendue en exclusivité au Printemps.

À peine sorti de la réputée école de Londres, Strong The s’est associée à Antidote Studio pour une collection capsule, dans le prolongement de sa première ligne inspirée par les maladies qu’il a traversées (notamment des allergies diverses et de l’asthme) et le concept adjacent de corps en lutte contre lui même. Chemise rouge prolongée d’un masque génien, veste aux manches exagérées et boutons alignés tels des points de suture : avec cette capsule intitulée « Stronger Than Yesterday », le créateur célèbre cette fois les processus de rémission.

Avec son approche conceptuelle et novatrice, le créateur d’origine thaïlandaise rejoint trois jeunes labels émergents ayant collaboré sur la première collection Antidote Studio : Sankuanz, Applecore et Mats Rombaut, ainsi que l’artiste Cécile Di Giovanni. Entièrement vegan, elle est disponible en exclusivité au premier étage du Printemps de l’Homme, au 69 boulevard Haussmann pour la saison printemps-été 2018, et accompagne la sortie du nouveau numéro Antidote : EARTH, dédié à la Terre et shooté par Patrick Weldé.

Dans cet entretien exclusif, Strong The revient sur son parcours, évoque l’influence de Martin Margiela, et raconte pourquoi il a choisi la couleur rouge, synonyme de combat, pour incarner sa collaboration avec Antidote Studio.

Antidote. Comment avez-vous découvert la mode ? Ça a toujours été une passion pour vous ?
Strong The. Oui, d’aussi loin que je puisse me souvenir. J’ai toujours aimé regarder ma mère s’habiller chaque jour avant de partir à l’école, et je l’aidais même parfois à choisir ses accessoires.

Vous viviez en Thaïlande avant de venir à Londres. Que représente la mode thaïlandaise pour vous ? Vous sentez-vous lié à elle d’une certaine façon ?
Pas vraiment, j’ai l’impression qu’il y a un mur entre moi et la scène mode qu’on trouve là-bas. Je ne me retrouve pas dans ce qu’elle propose, sans doute parce qu’il fait très chaud en Thaïlande et que tout ce que je voulais faire là-bas quand j’y vivais, c’était flâner en short et aller à la plage.

À gauche : Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Veste, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 880 euros.
Pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 470 euros.

À droite : T-shirt, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 320 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Shorts, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 420 euros.
Ceinture-pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 440 euros.

Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Veste, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 880 euros.
Pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 470 euros.

T-shirt, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 320 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Shorts, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 420 euros.
Ceinture-pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 440 euros.

Vous avez étudié l’art en Thaïlande avant d’intégrer la section mode de la Central Saint Martins. Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir cette voie ?
Je fais juste les choses comme je le sens, il y a eu une période durant laquelle je ne parvenais pas à savoir quelle était ma passion, du coup j’ai combiné les deux.

La Central Saint Martins est considéré comme l’une des meilleures écoles de mode au monde. Racontez-nous votre expérience là-bas.
C’était incroyable, quand on se trouve dans le bon environnement cela permet d’extraire quelque chose de soi-même de façon très naturelle. J’ai vraiment aimé étudier là-bas, j’ai rencontré beaucoup de personnes créatives, et c’est ce qui m’a le plus inspiré.

Qui ont été les designers qui vous ont le plus inspiré lorsque vous vous êtes lancé ?

Martin Margiela, évidemment.

Vous avez également déclaré nourrir un grand intérêt pour la façon dont les personnes âgées s’habillent, pourquoi ?
Imaginez combien d’années ils se sont habillés, combien de vêtements ils ont porté… c’est innombrable ! Et je trouve fascinante la manière dont ils mélangent les pièces selon leur personnalité.

À gauche : Veste, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 880 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 470 euros.

À droite : T-shirt, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 320 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Shorts, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 420 euros.
Ceinture-pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 440 euros.

Veste, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 880 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 470 euros.

T-shirt, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 320 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Shorts, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 420 euros.
Ceinture-pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 440 euros.

Vous avez entamé vos recherches pour votre collection de fin d’études, centrées sur les handicaps, en filmant l’espace public à la recherche de personnes marquées par des déficiences physiques. Pourquoi vous être centré sur ce thème ?
Lorsque j’ai dû présenter le concept de cette collection à mes tuteurs, j’étais très malade (comme toujours), et l’idée de la collection est venu de là. Comment s’en sortir dans la vie, comment toujours aller de l’avant : ces préoccupations étaient au cœur de ma première ligne.

Quel est le message que vous vouliez exprimer à travers elle ?
«Tout ira mieux ».

Pensez-vous que la mode devrait être plus inclusive à l’égard des personnes handicapées ?
Oui, bien sûr. La mode est là pour rendre la vie plus agréable.

Vous avez affirmé que l’asymétrie de vos chemises incarne le changement de température du corps des personnes malades. Les vêtements que vous créez ont-ils d’autres significations implicites ?
Toutes les silhouettes que je dessine traduisent ma façon de voir les choses. La plupart sont inspirées des mouvements et positions des personnes qui luttent contre la maladie, de leur façon de se représenter durant ces périodes.

« La plupart des silhouettes que je dessine sont inspirées des mouvements et positions des personnes qui luttent contre la maladie. »

Vous semblez aussi faire référence à quelques contre-cultures, comme la rave culture, n’est-ce pas ?
Je fais référence à ma vie de tous les jours, les endroits où je suis allé, les gens que j’ai rencontrés, les choses dont je m’entoure, et tout cela varie avec le temps.

Pouvez-vous nous expliquer quel a été votre processus créatif pour les pièces que vous avez conçues en collaboration avec Antidote Studio ?
Ce projet s’inscrit dans le prolongement de ma collection de fin d’études à la Central Saint Martins, en se concentrant sur l’idée de se battre avec soi-même pour aller mieux. J’ai donc développé l’idée de personnes faisant du sport, de l’exercice, mais dans un corps pas encore totalement rétabli. Je me suis intéressé à la façon dont elles pouvaient se déplacer sans être brusques, pour ne pas blesser leur corps.

À gauche : T-shirt, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 320 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Shorts, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 420 euros.

À droite :  Veste, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 880 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 470 euros.

T-shirt, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 320 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Shorts, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 420 euros.

Veste, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 880 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 470 euros.

Votre collection pour Antidote Studio s’appelle « Stronger Than Yesterday ». Pensez-vous comme Nietzsche que « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts » ?
Oui bien sûr, l’expérience prévaut sur tout le reste.

Les couleurs sont radicalement différentes de celles que vous aviez employé auparavant, pourquoi ?
Je ne choisis mes échantillons de couleurs qu’une fois que le concept de la collection est déterminé, et ils varient en fonction des recherches que j’ai effectuées, de mon humeur et des tons qui y correspondent. Le rouge est une couleur très forte, qui évoque le combat, et j’ai donc choisi de lui accorder une place centrale au sein de la collection.

La collection que vous avez dessinée pour Antidote Studio est entièrement vegan, comment avez vous pris ce challenge ?
C’était un vrai défi pour moi, car j’avais l’habitude d’utiliser beaucoup de laine pour mes créations. J’ai dû trouver d’autres matériaux permettant d’obtenir un résultat similaire, j’ai pris plaisir à effectuer des recherches, et j’étais satisfait du résultat.

Vous avez été mannequin à plusieurs reprises : doit-on y voir le reflet d’une volonté d’explorer tous les aspects de la mode, au-delà du design ? 
La première fois, je l’ai fait pour ma mère, car c’était son rêve de me voir dans les pages d’un magazine. L’expérience s’est répétée et j’ai commencé à aimer ça, je me suis fait beaucoup d’amis lors des shootings et c’était vraiment intéressant de voir comment un shooting se déroule. J’ai beaucoup appris lors de chacun de ces jobs, c’était toujours différent et amusant.

À droite : T-shirt, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 320 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Shorts, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 420 euros.
Ceinture-pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 440 euros.

La première collection Antidote est disponible en exclusivité au premier étage du Printemps de l’Homme, 64, Boulevard Haussmann, Paris 9.

T-shirt, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 320 euros.
Chemise, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 480 euros.
Shorts, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 420 euros.
Ceinture-pantalon, Antidote Studio en collaboration avec Strongthe, 440 euros.

Vous avez vécu entre Londres, Paris et Bangkok, comment ce mélange des cultures a-t-il influencé votre vie ?
C’est vraiment ce qui m’a permit de me définir tel que je suis aujourd’hui. Tout ce que j’ai vu dans chacune de ces villes, chaque groupe d’amis que je m’y suis fait, toutes les histoires que j’y ai traversées ont grandit en moi. Ces expériences sont ce qui nous différencient les uns des autres.

Où voudriez-vous vous installer ?
Honnêtement, je ne sais pas. Je me sens vraiment libre en ce moment, Londres où je vis actuellement est traversée par une énergie fraîche et excitante. J’ai toujours envie d’explorer différentes choses, je suis encore jeune et je n’ai pas encore réfléchi à l’endroit où je souhaiterais m’installer.

Quel sera votre prochain projet ?
C’est confidentiel !

La première collection Antidote est disponible en exclusivité au premier étage du Printemps de l’Homme, 64, Boulevard Haussmann, Paris 9.

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