L’interview de Soko : « J’ai toujours rêvé de devenir plus qu’une simple petite fille de la campagne »

Article publié le 1 septembre 2016

Texte : Jessica Michault
Photos : Ren Hang pour Magazine Antidote : The Freedom Issue hiver 2016-2017

L’actrice et chanteuse Soko s’apprête à conquérir le monde. Elle occupe à la rentrée le rôle principal de deux films français majeurs, travaille sur son troisième album solo et s’est imposée comme la nouvelle muse de marques telles que Gucci, Chanel et Miu Miu. Lors d’un entretien en tête-à-tête, Soko The Cat expose sa vision du monde après le décès de son père, raconte comment elle s’est sevrée des antidépresseurs et sa croyance en les vies antérieures. 

La première chose qu’a fait l’artiste Soko après avoir passé les portes de Wild and the Moon, un restaurant de nourriture bio et saine situé dans le cœur du Marais parisien, c’est s’excuser pour son retard. Elle réside dans un appartement situé au coin de la rue, mais malgré l’avance prise sur son heure de départ, elle s’est faite arrêter en chemin par des amis et des fans qui voulaient la saluer.
À l’avenir, elle devra s’en accommoder car le peu d’anonymat qu’il lui reste est en passe de disparaître. Deux films dans lesquels elle figure, Voir du Pays et La Danseuse, font consécutivement leur entrée en salles en cette rentrée 2016. Les deux longs métrages ont été présentés cette année au Festival de Cannes où la presse a remarqué et salué la performance de Soko.
Et il est vrai qu’il eut été difficile d’imaginer deux personnages plus diamétralement opposés que celui d’un soldat français de retour d’Afghanistan et celui de la légendaire danseuse Loie Fuller. Mais Soko (née Stéphanie Sokolinski) est le genre de femme qui aime se lancer continuellement des défis et repousser aussi loin que possible les limites de sa créativité.

Une rapide recherche prouve que Soko a toujours été déterminée à tracer sa propre destinée. Au tendre âge de 16 ans, elle quitte son nid familial bordelais pour poursuivre ses rêves de villégiature parisienne. Là-bas, elle suit des cours dans plusieurs écoles de théâtre, mais réalise rapidement que la vie est son professeur préféré. Après des années passées à occuper de petits rôles au cinéma et à la télévision, elle sort de l’ombre en 2010 quand elle se voit nominée aux César dans la catégorie « Meilleur Espoir Féminin » pour l’interprétation de Monika dans le film À l’origine.
En 2012, le talent d’auteur-compositeur-interprète de Soko arrive sur le devant de la scène quand elle présente son premier album adoubé par la critique I Thought I Was An Alien. Ce, rapidement suivi, la même année, de son rôle vedette dans Augustine, le film sur l’histoire d’un neurologiste français du XIXe siècle et de sa célèbre patiente. Ces deux projets ont révélé une femme prête à se mettre à nu pour son art.

Soko @ IMG Models
Gauche : Robe en mousseline brodée de perles, Redemption. Pull en maille résille, Jean Colonna. Harnais en cuir et choker à strass, Zana Bayne.
Droite : Veste en tweed fantaisie fuschia et canotier en tweed, Chanel. Combinaison en dentelle brodée de sequins, Ingie Paris. Choker, Zana Bayne. Chaussures à plateforme, Ellery.

Réalisation : Yann Weber. Stylisme : Charlotte Toffin. Casting : Beth Dubin. Coiffure: Castillo. Maquillage: Jeffrey Baum.

Cela dit, Soko, qui vient de fêter ses 30 ans, a toujours l’enthousiasme d’un enfant à l’égard de la vie. Son travail dans les mondes de la musique et du cinéma, et tous les pièges que comportent le succès dans ces domaines, ne l’ont pas rendu ni blasée ni méfiante. Son profil Instagram – @sokothecat – est alimenté d’images personnelles et enjouées, légendées d’une « bande-son » qui incarne l’humeur de chacune de ses publications. Et elle semble bien décidée à ce qu’on l’accepte telle qu’elle est. Elle n’est pas prête à se conformer à quelque notion préconçue de qui elle devrait être ou de ce qu’elle devrait représenter.
Cela se révèle aussi valable pour son style vestimentaire éclectique. Ce qui a fait d’elle la nouvelle muse populaire de maisons comme Chanel, Acne, Miu Miu ou Gucci, dont elle s’est trouvée de nombreuses affinités avec le directeur artistique Alessandro Michele. Elle s’est même emparée du Snapchat de Gucci pendant le défilé de la collection croisière 2017 qui se tenait en juin à l’Abbaye de Westminster à Londres.
Quand nous nous sommes finalement assises pour débuter cette interview, Soko a ouvert le bal en me bombardant de questions sur ma vie. « Je suis nulle aux interviews parce que je n’arrête pas de poser des questions. Je suis toujours plus intéressée par les autres que par le fait de parler de moi-même », explique-t-elle.

Ce qui s’ensuivit fut une conversation à cœur ouvert de près deux heures ; de l’effet qu’a eu le décès de son père – alors qu’elle n’avait que 5 ans – sur sa vision du monde aux raisons qui l’ont poussée à arrêter les antidépresseurs après trois années de dépendance, en passant par la façon dont sa croyance en les vies antérieures l’a aidée à se préparer à l’un de ses rôles au cinéma.

Soko @ IMG Models
Chemise en brocard, Prada.

Réalisation : Yann Weber. Stylisme : Charlotte Toffin. Casting : Beth Dubin. Coiffure: Castillo. Maquillage: Jeffrey Baum.

Antidote : Est-il vrai que lorsque vous travaillez sur un film vous mettez complètement votre musique de côté ?
Soko : Je suis tellement folle avec la musique que quand je travaille dessus, je ne veux faire que ça. C’est tellement mon truc que quand je dois me concentrer sur un personnage, je ne dois plus être moi-même. Je ne vois plus mes amis. Je ne sors pas. Je n’écoute pas de musique. Je n’écris pas. Je ne peux pas me trouver autour d’instruments. Certains me disent que je suis très « méthodique » mais je ne sais pas ce que ça veut dire. Tout ce que je sais, c’est que, physiquement, je ne peux juste pas le faire, je n’arrive pas à compartimenter. Je vis et respire musique, donc si je me concentre sur un autre projet, ça doit vraiment être le truc le plus génial qui soit et me rendre ultra heureuse. Si je me mets au service d’un film, d’une histoire ou d’un réalisateur, je dois m’engager à 100%. C’est comme si j’existais dans deux univers parallèles, et ils ne peuvent pas s’entrecouper.

Vous parlez de projets qui doivent vous rendre heureuse mais Voir du Pays est un film plutôt difficile.
Ce film a été compliqué. J’ai dit oui juste après avoir fini mon deuxième album. Ils m’ont envoyé le script, le rôle avait été écrit pour moi. À cette époque, je vivais une vie tranquille à Venice en Californie. Tout était décontracté et simple et je ressentais le besoin de bousculer un peu les choses. Je crois en les vies antérieures et je crois aussi que les âmes de certaines personnes sont plus âgées que d’autres, et que certains ont vécu plus de choses que d’autres et que vous pouvez avoir des effets résiduels de ces vies dans votre vie actuelle. Et j’ai parfois le sentiment qu’ au plus profond de moi, il y a cette chose que je ne comprends pas qui était jusqu’ici contenue qui se libère et me rend extrêmement triste d’une manière que je n’explique pas. J’avais le sentiment que j’avais eu à porter tout ce temps le poids de choses que je n’arrive pas à expliquer et je me suis dit que, peut-être, explorer cela à travers un film comme celui-ci, qui étudie les troubles de stress post-traumatique, me ferait du bien. J’ai aussi beaucoup aimé l’idée de voir deux réalisatrices concevoir cette histoire de deux femmes soldats qui évoluent dans un monde dominé par les hommes et la façon dont elles gèrent cet environnement.

Pendant que vous travailliez sur Voir du pays, vous étiez aussi au cœur de la préparation de votre autre film présenté à Cannes en mai, La Danseuse. Vous avez travaillé coude à coude avec le réalisateur sur ce projet pendant cinq ans. Et une fois encore, ce rôle a été écrit pour vous.
J’ai eu, je crois, trois jours de repos entre la fin du tournage de Voir du pays et le début de l’entraînement pour La Danseuse. C’était le truc à la fois le plus génial et le plus difficile qui soit. Je m’entraînais tous les jours. Deux heures de sport et cinq heures de danse pour préparer le film. J’ai accepté le rôle avant même de voir le script car j’adore Stéphanie Di Giusto, la réalisatrice, et Loie Fuller était une femme fascinante. Le film est un portrait honnête d’une artiste en péril.

J’ai entendu dire que vous aviez suggéré Lily-Rose Depp pour le rôle d’Isadora Duncan dans La Danseuse.
Lily me suivait sur Instagram ou quelque chose comme ça, et nous avions des amis en commun puis on s’est finalement rencontrées et on est devenus amies instantanément. La personne qui était pressentie pour le rôle s’est retirée à la dernière minute. Et j’ai tout de suite pensé à Lily car il se trouve qu’elle est une actrice géniale.

Dites-moi si je me trompe mais n’avez-vous pas commencé à jouer avant de vous mettre à la musique ? Votre mère ne vous a-t-elle pas fait donner des cours de comédie quand vous étiez enfant ?
Mon père est décédé quand j’avais 5 ans, ma mère s’est retrouvée seule avec cinq enfants du jour au lendemain et elle voulait vraiment qu’on sorte de la maison. Qu’on pense à autre chose, qu’on essaie de nouvelles choses aussi. J’ai tout fait – de la natation, de l’équitation, de la danse, du piano et aussi du théâtre. Et le théâtre, c’est vraiment ce que je préférais. J’étais nulle à tout le reste. Je ne savais pas chanter, ni danser, et au piano, j’étais la pire.

Soko @ IMG Models
Gauche : Veste et pantalon en laine assortis, Gucci. Pull à grande maille, Jean Colonna. Choker à strass, Zana Bayne. Bijoux personnels.
Droite : Blouson, Redemption. Robe en coton tartan, Olympia Le Tan. Choker, Zana Bayne. Bijoux personnels.

Réalisation : Yann Weber. Stylisme : Charlotte Toffin. Casting : Beth Dubin. Coiffure: Castillo. Maquillage: Jeffrey Baum.

À 16 ans, vous quittez le domicile familial pour déménager à Paris. Pourquoi donc ?
En fait, je savais parfaitement ce que j’avais envie de faire. Et je ne m’entendais pas tellement avec mon beau-père parce que j’étais toujours rendue coupable d’être différente. J’ai toujours rêvé de devenir plus qu’une simple petite fille de la campagne. Je voulais plus de culture, et je voulais avoir accès à des choses que je ne pouvais pas trouver ici. J’ai toujours voulu habiter à Paris. Aussi, à cette époque, j’étais déjà végétarienne et au sein de ma famille, c’était perçu comme un péché majeur.

Quand la musique a-t-elle donc fait irruption dans votre vie ?
Aux alentours de 20 ans. Je vivais à New York chez un ami et il avait beaucoup d’instruments. Je les dévorais du regard car j’avais envie de pouvoir en jouer. Je suis donc allée dans cette petite boutique de musique, j’ai demandé : « quel est le plus petit instrument que vous ayez ? », et je suis repartie avec un ukulélé. Puis j’ai commencé à enregistrer sur mon téléphone les voix de sons que j’avais écrits. J’ai appris à jouer toute seule, en regardant Youtube et d’autres trucs.

Je sais que vous venez de commencer à travailler sur votre troisième album. Vous avez affirmé que votre premier était plutôt déprimant et que votre deuxième était un album très heureux. Dans quel état d’esprit êtes-vous pour celui-ci ?
Un peu entre les deux. J’ai écouté beaucoup de musiques tristes dernièrement, non pas que je sois triste mais parce que je les trouve belles. Elles me touchent vraiment parce que j’aime les émotions pures. J’ai été sous antidépresseurs pendant trois ans, après mon film Augustine – ce film m’a vraiment foutue en l’air. Je me suis vraiment plongée dans ce personnage – et elle était l’un des premiers cas avérés d’hystérie – donc j’intériorisais tout. Et immédiatement après avoir fini le film, j’ai du sortir et faire la promotion de mon premier album. Je n’avais pas envie de parler de moi. J’étais plutôt en mode : « tout ce que j’ai à dire est dans l’album, écoutez-le ». J’avais l’impression de me prostituer quand je devais sortir pour parler des choses que j’avais déjà suffisamment clairement exprimées dans les chansons. Je pensais qu’ils n’avaient pas besoin de plus d’explications. J’étais vraiment suicidaire et je devais trouver de l’aide.

Vous avez passé trois ans sous antidépresseurs et vous avez aujourd’hui décidé de ne plus en prendre. Qu’est-ce qui a changé ?
Je me sentais engourdie. J’avais l’impression que mes montées n’étaient plus aussi grisantes et que mes descentes étaient toujours aussi terribles. J’ai arrêté d’en prendre depuis huit mois maintenant et c’est fantastique. J’ai le sentiment d’écouter la musique de façon différente et de concevoir la vie de façon différente également. J’embrasse les montagnes russes de la vie.

Par le passé, vous êtes sorties à la fois avec des hommes et avec des femmes. Quelle est votre réaction à l’égard des gens qui tiennent absolument à ce que vous définissiez votre sexualité ?
Certaines personnes veulent toujours que je me justifie. Ces gens qui me demandent si je préfère les hommes ou les femmes. Mais en fait, je m’en moque. Ce qui m’attire, c’est l’identité d’une personne et une connexion profonde. Je peux vous dire qui je ne préfère pas – idiots.

Parlons un peu de mode. Vous avez résolument votre propre style !
Je me suis toujours habillée de façon plutôt bizarre. Et je suis vraiment psychorigide avec mon dressing. Il a toujours été organisé selon les couleurs de l’arc-en-ciel, depuis les couleurs jusqu’au noir. Et je le fais encore aujourd’hui parce que j’aime les couleurs. J’adore le rouge et je collectionne aussi les t-shirts de tournée vintage. Au lycée déjà, je mettais mon argent de côté pour m’acheter tous ces pantalons de couleur. En grandissant, nous n’avions pas beaucoup d’argent, c’était donc complètement extravagant et superficiel de ma part d’acheter ces pantalons colorés et de vouloir être cool à tout prix. J’allais à l’école dans cette microscopique ville et tout le monde avait très mauvais goût. Mais j’avais une copine qui venait de la ville et qui y achetait ses vêtements, contrairement à nous qui allions tous au supermarché, et je voulais m’habiller comme elle. Je faisais pleins de petits boulots pour gagner un peu d’argent afin de pouvoir m’acheter de vraies fringues dans les boutiques de la ville. Des boutiques qui ne vendent pas d’habits à côté de soupes, de hamacs ou de baladeurs. En ce moment, je suis vraiment obsédée par Gucci. C’est une marque qui me ressemble. Chanel et Acne ont aussi été géniales avec moi.

« Dans cette industrie en particulier, je pense que les hommes ont la bonne place et que les femmes sont sur le siège éjectable. »

Revenons à vos films, vous semblez appâtée par les réalisatrices, vos deux nouveaux films ont été réalisés par des femmes. L’expliquez-vous ?
J’aime les femmes. Et il s’avère qu’elles viennent à moi. Je ne pars pas à leur recherche. Il se trouve juste que les femmes aiment s’entourer d’autres femmes fortes. Et je suis une féministe assumée. Dans cette industrie en particulier, je pense que les hommes ont la bonne place et que les femmes sont sur le siège éjectable, elles doivent donc se battre davantage. Si elles ne le font pas, elles vont mourir. Je sens que toutes les femmes avec qui j’ai travaillé fonctionnent comme ça.

Vous êtes aussi réalisatrice. Vous réalisez vos propres clips. Vous semblez décidée à tout essayer.
J’aime m’occuper en faisant des trucs drôles. Je pense que l’ennui, c’est la mort et je n’ai pas encore envie de mourir. Je m’entoure en conséquence de gens intéressants et inspirants et qui me donnent envie d’être créative.

Pour rebondir sur cette idée de créativité, puisqu’il s’agit de The Freedom Issue, quand vous sentez-vous au paroxysme de votre liberté ?
Je pense que j’ai toujours refusé d’être enfermée. Je fais toujours ce qui me semble être bon. J’ai du mal à me projeter dans le futur et j’essaie toujours de faire de chaque jour le meilleur jour possible. En soi, si je peux vivre comme un enfant avec les préoccupations associées à cet âge, c’est là que je me sens le plus libre. Peter Pan est mon personnage préféré et c’est à peu près ainsi que je vis ma vie. J’aime la magie et j’aime sentir que je peux faire tout ce dont j’ai envie. Je dois juste en rêver pour que ça se réalise.

Vous semblez avoir, à l’exception de la mort de votre père, une vie plutôt féérique.
Je pense que c’est ce qui m’a donné la force et l’envie de mener une vie épanouissante, car dès mon plus âge, j’avais déjà une vraie conscience de la moralité. C’était en moi. Alors vous voir rappeler que vous êtes mortel vous convainc de vous montrer sous votre meilleur jour et de saupoudrer votre vie quotidienne de grains de magie.

Qu’y a-t-il de magique dans votre vie en ce moment ?
Je suis vraiment excité à l’idée de travailler sur le nouvel album. Et comme j’ai arrêté les antidépresseurs, tous les sentiments se sont vraiment bousculés de façon vraiment réelle – sans aucune sorte de filtre. Des sentiments inaltérés, des sentiments profonds, sans jamais avoir envie de les fuir une seule fois.

Soko @ IMG Models
Gauche : Veste et pantalon en laine assortis, Gucci. Pull à grande maille, Jean Colonna. Choker à strass, Zana Bayne. Bijoux personnels.
Droite :Robe en mousseline brodée de perles, Redemption. Pull en maille résille, Jean Colonna. Harnais en cuir et choker à strass, Zana Bayne.

Réalisation : Yann Weber. Stylisme : Charlotte Toffin. Casting : Beth Dubin. Coiffure: Castillo. Maquillage: Jeffrey Baum.

Pour quand l’album est-il prévu ? Avez-vous déjà tout organisé ?
Absolument pas. Le truc, c’est que je ne suis pas une adulte responsable. Je fais les choses quand je les sens bien. Je n’ai pas encore commencé à enregistrer. Mon unique but à présent est de faire cet album. Mais je sais que vais devoir faire beaucoup de promotion pour les films lors de leur sortie et je ne veux pas me mettre trop de pression avec cet album. Je l’aborde vraiment de façon détendue.
Vous avez affirmé aimer être seule et pourtant vous vivez avec un groupe d’amis à LA. Comment est-ce que cela fonctionne ?
Je mets longtemps à accorder ma confiance aux autres et à vraiment les laisser entrer dans ma vie. Mais les gens que j’intègre dans ma vie, je les chéris plus que tout au monde. Mais dans des situations où tout le monde finit saoul, je déteste cette énergie parce que je suis sobre. Je développe la pire anxiété sociale qui puisse être. Toutes mes alarmes se mettent à sonner.

Vous avez dit dans la presse que vous aimiez vivre dans votre bulle et que vous ne faisiez pas vraiment attention à ce qui se passe dans le monde. Est-ce un moyen de vous protéger.
En fait, j’ai tellement d’angoisses que soit je vais commencer à me soucier de tout, devenir maniaque et ne plus jamais sortir de chez moi, soit je vais volontairement continuer à ignorer et vivre comme une personne normale. Je ne peux pas vivre normalement si j’ai connaissance de toutes les merdes qu’il se passe dans le monde. Je me sentirais hypocrite si je savais tout de l’extérieur et que je n’agissais pas. Donc, je préfère ne pas savoir.

Je sais que vous venez tout juste d’avoir 30 ans mais vous voyez-vous un jour vous poser, avoir des enfants et tout ce qui va avec ?
Oui ! Dès la fin du tournage de La Danseuse, je me suis dit que je ne voulais pas finir comme « l’artiste seule et torturée, livrée à elle-même ». Je n’ai pas envie de ça. Je chéris la famille et les relations humaines, et une fois le film en boîte, je me suis dit : « je vais faire six mois de break pour me concentrer sur ma vie personnelle et être quelqu’un de bien». Toute ma vie, j’ai eu peur de m’engager dans quoi que ce soit – ne serait-ce dans la location d’un appartement. Je n’ai donc aucune idée de quand la bonne personne va se présenter et me donner envie d’envisager cela, mais je suis totalement pour l’idée d’avoir une famille. J’aurai des bébés quoi qu’il arrive. Mais je prends aussi en considération le fait d’avoir des enfants seule. J’y ai beaucoup pensé. Je suis vraiment moi-même lorsque je suis entourée d’enfants, parce qu’aucun filtre n’est nécessaire. Je reste ouverte à tout ce qui pourra s’offrir à moi.

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