Icônes, sens
et projections

Article publié le 11 janvier 2016

Texte : Cyril Merle

Photographe: Jan Welters
Réalisation: Yann Weber
Talents : Naomi Campbell, Malgosia Bela, Lindsey Wixson, Natasha Poly, Eva Herzigova, Bianca Balti

Quoi de commun entre une Vierge à l’Enfant et Kate Moss ? Entre le Mont Athos et un catwalk milanais ? Dans des registres très différents, tous relèvent du champ de l’icône : « images visibles de l’Invisible », symboles absolus d’une Idée, les icônes révèlent et cachent, cèlent et recèlent. Mais quoi ? Et pourquoi ? Είκών : image. Il y a deux mille ans, c’est ainsi que les Grecs désignaient une image, qui est ensuite devenue, à Byzance, une image religieuse peinte sur du bois, incarnée dans l’esprit de tous par la célèbre Vierge de Vladimir (1155), conservée à Moscou. Images visibles de l’Invisible, les icônes avaient pour fonction d’inciter à la prière, de révéler l’insondabilité des mystères de la religion, et d’amener les âmes à avancer plus profondément dans la vie spirituelle, grâce à la paix et au recueillement que leur contemplation inspire. Supports de la foi chrétienne, les icônes sont des objets de culte, qui invitent à la méditation, puis à la vénération d’une image céleste. Elles constituent un signe, qui témoigne d’une présence divine, ou qui y renvoie. Par exemple, la Vierge Orante lève les mains au ciel, pour accueillir la grâce divine et donc signifier ainsi le lien avec le Très-Haut. Réelle et idéale, voire idéelle, l’icône existe et montre l’inaccessible. Aujourd’hui, ces icônes existent encore, et remplissent les mêmes offices, mais le mot désigne aussi, désormais, d’autres images, dans d’autres mondes et d’autres registres. Nous ne nous appesantirons pas sur le sens informatique – faites glisser le fichier dans l’icône poubelle – révélateur d’une aridité et d’une aporie proprement apocalyptiques, ni sur le sens linguistique, dans lequel le mot « icône » est utilisé pour ce qu’il est : un porteur de symbole, qui fait dire plus qu’il ne montre. Mais force est de constater que, depuis Andy Warhol et sa démarche de génération d’icônes spontanées, les icônes ont envahi le monde profane : Michael Jackson est l’icône de la pop, de Dalida à Lady Gaga, les icônes gay se suivent et ne se ressemblent pas, Marlon Brando et James Dean sont des icônes du cinéma, et Ernesto Che Guevara est l’icône de la gauche sud-américaine (et de la gauche adolescente en Europe : son portrait orne bien des T-shirts dans les cours de lycée). Enfin, une génération entière de mannequins supermodels sont vues comme des icônes de la mode et du look.

De l’idole à l’icône, un glissement sémantique réfléchi. On sait que la langue vit, et que le sens des mots évolue, par glissements successifs, réfléchis ou accidentels. Ainsi, on pourrait simplement penser que les idoles d’hier – Johnny Halliday, l’idole des jeunes, Elvis Presley, ou encore Claude François – étaient désignées ainsi car le christianisme jouait encore un rôle important dans la société et dans la langue : l’idole étant une fausse divinité, personne, ni même l’Église, n’était froissé de cette dénomination, qui ne plaçait pas la personne à un rang supra-humain. Et aujourd’hui, à l’heure où, dans les sociétés européennes, Dieu est mort, ainsi que l’avait annoncé Nietszche, et où l’on a remplacé la messe par les soldes, on aurait simplement remplacé le mot idole par le mot « icône » sans entendre les protestations du clergé. L’explication semble rationnelle, mais on entend pourtant encore régulièrement les condamnations de l’Église : on se souvient d’une réinterprétation de la Cène par Rip Hopkins, pour Marithé et François Girbaud, qui avait déclenché une vive polémique, et Oliviero Toscani, pour Benetton, déclenche régulièrement la colère des autorités ecclésiastiques (toujours avec la même photo, et tous les 5 ans). L’Eglise veille, donc, et ne laisse pas ses mots et ses images entre les mains de tous, impunément reproduites ou détournées. C’est donc que l’apparition des icônes (du mot, et de la réalité qu’il recouvre), si elle ne procède plus du champ religieux originel de l’Occident judéo-chrétien, n’est pas ressentie comme une provocation par ceux qui seraient les plus concernés (même si nous doutons que l’archipope de Moscou soit tout à fait d’accord avec le fait qu’Eva Herzigova soit vue comme une icône). De quoi s’agit-il donc ? Que sont ces nouvelles icônes, quel sens ont-elles ? De quoi sont-elles les icônes ?

Natasha Poly

L’un et l’autre hypersexués, tant dans leur animus que dans leur anima

L’icône n’est icône que sur un support : papier, écran, film. Tout d’abord, une précision : on pourrait penser, à première vue, que tout comme une église est une secte qui a réussi, une icône est une idole « du bon côté de la barrière ». Ce n’est pas si simple : seule l’Église chrétienne a autorisé les représentations d’images divines, sous forme d’icônes, et cela a engendré de profondes crises, opposant iconolâtres et iconoclastes (étymologiquement, les destructeurs d’images), la dernière crise opposant les catholiques aux protestants de la Réforme, emmenés par Jean Calvin et sa publication Institution de la Religion Chrétienne (1536). Donc, aucune méprise possible : le distingo est clair, les icônes ne sont pas des idoles, et le terme est employé à bon escient. D’ailleurs, il n’est pas encore surexploité dans la novlangue journalo-publicitaire, et seules certaines personnes sont désignées du statut d’icône. Autre fait digne d’être noté : les idoles sont des statuettes, alors que les icônes sont des images, en deux dimensions, et non pas en relief. On touche là à un premier point intéressant : l’icône ne peut être qu’une image, et nos icônes fashion, gay ou cinéma n’ont finalement de réalité en tant qu’icône que sur papier glacé ou sur pellicule… Figées ou en mouvement, ces icônes sont fixées : leurs traits, leurs attitudes, leurs silhouettes sont maintenus dans le cadre finalement étroit d’un shooting ou d’un plateau, destinés à une série mode, une publicité ou un film. Comme dans le sens religieux originel, l’icône est une image qui en dit plus qu’elle n’en montre, tout en étant d’une évidence absolue. Une Vierge à l’Enfant montre Marie et Jésus, soit une mère et son fils, et elle ne montre rien de plus. Et pourtant, c’est dans ce rien que tout se joue : une religion, une morale, un monde… Sachant cela, il est relativement simple de comprendre comment se sont construits les statuts d’icône de Marlon Brando et de James Dean, par exemple. L’un et l’autre hypersexués, tant dans leur animus que dans leur anima (les principes masculins et féminins qui régissent la construction de l’individu humain, pour schématiser la pensée de Carl Jung), ils incarnent à la fois le héros tragique et la rébellion de la jeunesse dans leurs films mythiques. De même, Che Guevara avait tous les attributs de l’icône, et la célèbre photo d’Alberto Korda avait, elle aussi, toutes les caractéristiques nécessaires à la construction d’une icône…

De quoi un mannequin est-il l’icône ? Mais dans le cas des mannequins ? A l’origine, « les mannequins cabine » n’avaient pour fonction que de porter les vêtements des créateurs, de les mettre en valeur et de leur donner vie. Puis, au fil du temps, elles sont sorties des salons, sont devenues des modèles, puis des top-models, avant d’éclore en une génération de supermodels, au tournant des années 1990. Mais cela pose une question de taille : que signifie alors une image de Cindy Crawford ? L’évidence d’une beauté sans défaut, magnifiée par un point de détail  : une mouche qui attire l’œil, bien sûr, et qui souligne l’harmonie des couleurs et des formes du visage et de la silhouette de Cindy C. Voilà pour le visible, mais quel Invisible ? Celui de l’annonceur, bien sûr, lorsque la synthèse opère, mais pas uniquement : même si les supermodels sont issues de la société du spectacle (au sens où l’entendait Guy Debord), leur image en dit aussi plus que ce qu’elle montre. Serait-ce le glamour ? Est-ce suffisant pour structurer, construire et nourrir un arrière-monde ? Comment les supermodels ont-elles conquis leur statut d’icône ? Toutes magnifiques, elles semblent touchées par une sorte de grâce, et deviennent, pour toute une génération, des icônes de beauté : comme dans l’art religieux de l’icône, c’est une construction à plusieurs qui s’effectue, et ce n’est pas un artiste seul qui crée son icône. La réception et l’intention sont à égalité, et concourent à donner son aura au « modèle », au sens premier du terme. Celui-ci ne joue d’ailleurs pas le premier rôle dans cette transformation – même s’il serait naïf de penser qu’il n’en joue aucun : c’est un destin que de devenir une icône et, s’il y a une part inéluctable et non maîtrisable dans le destin, il y en a aussi une grande partie dont nous restons maîtres. Et les top-models ne sont pas nées sur une autre planète : dotées d’une beauté exceptionnelle, elles exercent ensuite un métier des plus épuisants… L’apparence et la photogénie se cultivent, et personne n’irradie un plateau sans s’impliquer : peupler les rêves d’une société et d’une époque tient du sacerdoce au quotidien ! Quelle société peut donc conférer un statut d’icône à nos supermodels ? Une société d’images et d’écrans, dans laquelle l’apparence façonne l’individualité, et dans laquelle la perfection formelle devient une aspiration universellement partagée. Dans un monde sans dieu, la beauté est l’incarnation du hasard génétique et fait renaître l’idée du miracle, rendu accessible à l’homme et à la femme.

Aujourd’hui, les icônes fashion définissent les canons de beauté, et imposent une norme idéale, fantasmatique (et fantasmée) au reste de la société. On pourrait bien sûr parler des dérives que ce système engendre, dans une course à la beauté et à l’éternelle jeunesse entretenue à grands renforts de chirurgie et de Photoshop. On pourrait aussi parler des effets délétères de cette course sur la jeunesse occidentale, désormais partagée, si l’on en croit les articles sur le sujet, entre obésité et anorexie, mais réunie dans une dismorphophobie universelle. Mais on peut aussi rappeler une évidence fondamentale : la beauté est agréable à l’oeil, ne serait-ce que pour des raisons esthétiques ! Ensuite, elle n’est qu’un élément du καλος καί άγαθος platonicien : le beau et le bon entre en résonnance et se nourrissent l’un l’autre. Et l’on doit ici rappeler un principe cher à Laetitia, Naomi, Christy, Cindy, Eva, Claudia, Kate, qu’elles rappellent à l’envi : « la vraie beauté, c’est la beauté intérieure ! »

Bianca Balti

L’icône montre plus que ce qu’elle est.

Icônes, femmes avant tout. Une question se pose alors. On ne le remarque pas à première vue, mais c’est un fait troublant : les icônes ne semblent pouvoir être que des femmes. Est-ce un biais ou une invention semblable à l’éternel féminin, le concept masculin par excellence ? Ou est-ce une réalité ? Marilyn Monroe, la Vierge Marie, les saintes martyres du calendrier chrétien, Coco Chanel, Audrey Hepburn, Françoise Sagan, Françoise Hardy, Twiggy, Madonna… pour ne citer qu’elles : la liste est longue, dans différents domaines, des femmes devenues icônes, chacune à leur manière. En revanche, elle est beaucoup plus courte lorsque l’on parle des hommes : quelques saints, dont Saint-Sébastien, David Beckham, Alain Delon ou Michael Jackson, tous n’étant d’ailleurs pas exempts de féminité, assumée, voire exacerbée. Qu’est-ce à dire ? Le genre du nom prime-t-il, et puisque l’on parle d’une icône, on ne peut envisager une masculinisation ? Assurément non, puisqu’il y a eu des idoles masculines, et sans ambiguïté aucune. Il n’y a donc pas de raison qu’il y ait deux régimes sémantiques différents pour les idoles et les icônes.

C’est donc bien une affaire de féminité intrinsèque aux icônes qui agit ici, et ce depuis le sens originel du mot. L’icône montre plus que ce qu’elle est. Religieuse, elle a pour vocation de reposer l’âme, d’éveiller la perception et d’apaiser les sens, afin de faire place à la prière dans l’esprit du contemplateur. Pour cela, une figure des cercles de la divinité – notamment la Vierge Marie – est représentée, selon des règles très strictes – les canons –, avec une finalité : évoquer, et rendre visible l’Invisible. Dans l’icône, l’image est donc bien plus que ce qu’elle montre et elle contient une vie en germe : au plan symbolique, tout rapport avec la maternité n’est effectivement pas une coïncidence. Et le grand nombre des représentations de Marie a certainement partie liée avec cette dimension symbolique… Les femmes, qui portent et donnent la vie, sont donc indissociables de la symbolique de l’icône religieuse. Ensuite, dans les champs profanes de la peinture et de la sculpture, la prédominance des modèles féminins est indéniable et se retrouve encore dans nos catégories : la radiance, la douceur, l’harmonie, la fluidité sont du côté des femmes, tandis que la force, le courage et la conquête sont des vertus masculines… Et, au vu des icônes originelles, on comprend bien que le champ de l’icône est plus celui de la radiance et de la douceur que celui de la force. Aujourd’hui, dans son acception actuelle, l’icône est devenue le symbole d’une réalité, et il semble naturel, vu l’esprit d’origine, que l’on ne retienne que l’aspect aimable de cette réalité. Et cela passe par la beauté, qualité universellement reconnue comme féminine dans le monde. D’ailleurs, Michael Jackson n’a jamais surjoué la virilité et a soigneusement entretenu une ambivalence totale tout au long de sa carrière et de sa vie.

Malgosia Bela et Lindsey Wixson

Dans un monde sans dieu, la beauté est l’incarnation du hasard génétique, et fait renaître l’idée du miracle.

La beauté, vertu apaisante, universelle et féminine. On pourrait penser que cet état de fait est encore dû à une vision du monde hétéronormée, dans laquelle la femme est l’objet, voire la proie, du regard masculin et n’a pour mission que d’être finalement le porte-drapeau, voire même le simple drapeau d’une époque, sur lequel viennent s’imprimer et s’agréger moments cultes, musiques, images, événements, bref, tous les composants d’une époque, réunis dans l’esprit des récepteurs. C’est vrai, à un détail près : le regard féminin sur l’icône féminine – et sur la beauté des femmes – est sensiblement le même que celui des hommes. Alors, s’agit-il d’un rapport de domination intégré ou simplement d’un point sur lequel hommes et femmes se rejoignent sans lutte ni guerre des sexes ? Nous laissons ce point à l’appréciation de chacun. Autre point notable : les icônes n’incarnent que des réalités heureuses, ou magnifiées dans le souvenir de chacun. Les yé-yés (avec Françoise Hardy), les années Woodstock (avec les visuels connus de tous de femmes torse nu), les années folles (avec Josephine Baker), les mouvements de libération et les grandes manifestations (avec cette photo récurrente de femmes juchées sur les épaules d’hommes, agitant un drapeau à la façon de La Liberté Guidant le Peuple d’Eugène Delacroix) : toutes ces époques ont leurs icônes, à l’inverse des heures sombres ou des moments de tourment… Une imagerie de ces ères existe aussi, dans la réalité ou dans notre imaginaire collectif, mais elle est alors constituée d’ex-votos.

Méfiez-vous des fausses icônes ! Enfin, il est un dernier trait commun entre toutes les icônes : devenir icône n’est en rien une démarche volontaire, ni même consciente. Ce changement de statut procède de la rencontre entre une personne, des regards et un air du temps… C’est une collision involontaire, incontrôlée et totalement unique, qu’il ne sert à rien de chercher à maîtriser, à imiter, ou à reproduire. Il n’y a rien de commun entre Joan Baez, icône folk, et Nina Hagen, icône punk, si ce n’est une farouche volonté d’être elles-mêmes par-dessus tout, d’une part, et tout simplement, d’autre part. Méfiez-vous des fausses icônes – les icônasses – qui fourmillent sur les trottoirs des capitales européennes et occidentales, rois et reines de leurs egos, pour qui le look constitue la condition nécessaire et suffisante pour regarder de haut le commun des mortels !

Eva Herzigova

Photographe: Jan Welters
Réalisation: Yann Weber
Talents : Naomi Campbell, Malgosia Bela, Lindsey Wixson, Natasha Poly, Eva Herzigova, Bianca Balti

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